Au Mali, seulement 0,0013% de femmes en prison

Article : Au Mali, seulement 0,0013% de femmes en prison
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9 mars 2019

Au Mali, seulement 0,0013% de femmes en prison

Les femmes représentent environ 50,40% de la population malienne, selon les projections démographiques de la Direction nationale de la  population (DNP) 2018. Ce qui fait à peut prêt 9 786 721 femmes sur une population de près 19 418 097 de Maliens. Sur le nombre de femmes maliennes, 0,0013% seraient détenues dans la prison des femmes à Bolé. Ce sont approximativement 130 femmes qui sont incarcérées dans cette prison qui leur est dédiée. Du côté de leurs droits en milieu carcéral, même si des efforts ont été consentis, de nombreux défis restent encore à relever.

Une vue de « Bolé »  la seule prison pour Femme,  au Mali. Crédit photo : Lin Diallo

Vols qualifiés, meurtres, coups mortels, attentats aux institutions, escroquerie, trafics de stupéfiants, faux et usage de faux, sont entre autres, des actes qui peuvent faire en sorte qu’une personne se retrouve derrière les barreaux. Sans oublier, ce que nous pouvons considérer comme des cas d’erreurs judiciaires. Certaines s’y retrouvent, souvent, par erreur. Ce sont de vrais innocentes. Mais de toute façon, les détenues aussi ont des droits !

Tous les prisonniers, qu’ils soient femmes, enfants ou hommes, bénéficient tous de la protection du « droit international humanitaire » selon le Comité International de la Croix-Rouge (CICR). Cette institution humanitaire se bat, au quotidien, un peu partout à travers le monde. Elle défend la cause des détenus.

Le CICR pense que le traitement des détenues doit être conforme à ce que prévoit le droit. Il s’agit par là de « l’interdiction de la torture et autres traitements cruels ou dégradants, des conditions de détention dignes et des garanties judiciaires ».

L’Etat fait des « efforts » au Mali

Et les textes qui régissent tout cela ont été ratifiés par le Mali, à en croire à l’ancien ministre des droits de l’homme, Me Kadidia Sangaré Coulibaly, c’était lors de sa visite à la Maison centrale d’arrêt de Bamako (MCA), en avril 2018. A la même occasion, elle avait promit de « corriger les insuffisances » constatées dans les prisons.

En fin décembre le problème récurent d’eau est résolu par la construction d’un château. Les cellules ont également été réhabilitées. En plus de l’aménagement d’un terrain de basket ball, il y a aussi eu des équipements. Tout cela a vu le jour grâce aux partenaires de l’Etat.

Mais depuis très longtemps le Centre de détention de Bolé, la seule prison du Mali, pour les femmes, filles et mineurs, est toujours confrontée à des difficultés. Précisément Bolé femmes, qui est un centre spécialisé, est divisé en deux quartiers : « Celui des femmes », qui sont environ une centaine et « celui des filles mineures », qui ne sont qu’une vingtaine.

Quant à Ibrahim Tounkara, directeur national de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, l’Etat et ses partenaires ont fait des « efforts » pour garantir un avenir meilleur à ces dames.

« Violation des droits des détenues »

Pourtant, quelques obstructions persistent toujours : il s’agit bien de la prise en charge des enfants des détenues (une dizaine) ; le manque d’ambulance pour la mobilité des femmes en travail (accouchement) ; et l’absence d’un médecin, car « il n’y a que des infirmiers » à Bolé, affirme le directeur national. Mais « les détenues de Bolé femmes ne sont jamais dans les cellules, sauf pour dormir. Elles dorment chacune seule sur un matelas. Et, ce contrairement aux détenus de la MCA qui sont plus de 2000, dans une prison prévue normalement pour 400 prisonniers », a-t-il indiqué. Avant de mettre l’accent sur le défaut de suivi post-carcéral pour ces femmes, qui apprennent beaucoup de choses en prison, à travers leur Centre de formation professionnelle.

Le surpeuplement de la Maison centrale d’arrêt a été de tout dénoncé par la section syndicale des surveillants de prison du Mali. Me Malick Coulibaly, Président la Commission Nationale des Droits de l’Homme, a estimé que cela est assimilable à une « violation des droits des détenus », hommes cette fois.

Awa S. , ancienne détenue de Bolé, que nous avons rencontré à Bamako, n’a pas voulu témoigner sur les conditions de détentions dans cette institution pénitentiaire. Par ailleurs, il nous a été impossible d’avoir une autorisation, pour accéder aux femmes de la prison de Bolé, afin d’échanger avec quelques détenues par rapport à leur situation carcérale.

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